lundi 8 juillet 2013

De Gaulle



Je viens de recevoir mon Pentax K5. J'en suis au stade de le toucher, de le soupeser, de voir sa mise en route à l'aide du manuel comme un enfant découvrant son nouveau jouet tant fantasmé. Il est évident qu'à ce stade je n'ai rien à vous montrer. La première charge de la batterie dure 390 minutes.

Aussi pour vous faire patienter je vous montrerai mon unique reportage historique . En effet en farfouillant dans les vieux albums et cartons de photos de ma mère, j'ai retrouvé des clichés réalisés quand j'étais lycéen. Il s'agit de photos de la visite du Général de Gaulle en Martinique, qu'il fit en Avril 1964. 
A cette occasion, tous les lycées de la ville avaient été mis en congé pour permettre à la population Lycéenne de venir acclamer le héros national. Il devait visiter le nouveau Lycée de  Jeunes Filles. Tous les élèves, endimanchés, s'y sont donc retrouvés. Cela faisait du monde car à cette époque le lycée allait de la 6ème à la terminale. Je m'y rendis donc armé du Semflex paternel, dans la ferme intention de faire un reportage de cette journée historique.

L'auteur élève de seconde, endimanché et équipé de son Semflex armé d'une pellicule Kodak 125 asa.
Derrière des "petits sixièmes" en short, et on devine les pieds en bois de la caméra des "actualités".

Les lycéens et lycéennes agglutinés dans la cour et les balcons du Lycée de Jeunes Filles devenu aujourd'hui le Lycée de Bellevue.
Les garçons dans la cour, les filles aux balcons!
De Gaulle descendant les marches du lycée et au premier plan en costume cravate un photographe officiel.


Encadré du Préfet et du vice-recteur d'académie. La Martinique faisant partie à l'époque de l'académie de Bordeaux, avait sur place un vice-recteur. 

Ce sont les seules photos qui ont survécus aux déménagements, à l'humidité, aux ravets et autres insectes ravageurs, et bien sur je n'ai retrouvé aucune trace des négatifs..

La visite de De Gaulle se fit dans une vraie liesse populaire même si elle fut manifestement encouragée et organisée par les autorités et le parti gaulliste. Il y avait une vrai ferveur gaullienne dans une grande couche de la population. D'ailleurs chez ma grand mère, qui habitait un petit bloc de béton accroché à un morne de Case Pilote, il y avait  au mur de son petit salon sombre,  un portrait de De Gaulle dans un cadre d'acajou. .
Quand bien plus tard, après de nombreuses années  d'absence pour cause d'études à  l'université de Grenoble, je lui ai demandé, certainement avec un air narquois, pourquoi elle avait mis cette photo de De Gaulle ( à coté de celle de Jean XXIII ) elle me répondit en créole sur un ton qui ne laissait place à aucune discussion possible: " Si jodi jou mwen ka manjé moso pin sé gras a Dègol! " en français, "si à ce jour j'ai du pain c'est grâce à De Gaulle".

Le souvenir que j'ai de cette journée c'est qu'elle fut une bonne journée d'amusement avec les copains. Pour beaucoup, les martiniquais malgré leur ferveur gaullienne, surent prendre quelque distance avec l'évènement. Quand De Gaulle prononça son grand discours sur la place de la Savane, noire de monde au propre comme au figuré, il commença par un vibrant" Mon dieu que vous êtes français.." à l'adresse de la foule en délire. Cela devint rapidement dans la population un sujet de rigolade et la fameuse phrase devint" Mon dieu que vous êtes foncés". Nous n'étions pas des français à part entière, et même pour certains nous étions des français entièrement à part selon l'expression d'Aimé Césaire.


4 commentaires:

  1. Passionnant !
    Merci de partager ces morceaux d'histoire de même que le ressenti de la population, ce qui nous permet de nous faire une idée du contexte.

    Youri APPOLINE-DARSIERES

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    1. je suis content devoir que j'ai des lecteurs lointains,et que ces quelques images et commentaires suscitent de l'intérêt .

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